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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/101

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dans le besoin, est un saint à qui il ne faut rien. Il est mort depuis plus de seize cents ans.

Et pourquoi donc, répondis-je, demande-t-on pour lui ?

C’est,répliqua-t-il, pour l’entretien des prêtres qui desservent son temple.

Je compris d’abord que c’étoit-là un des moyens dont les moines se servent pour attraper de l’argent, & dont je n’avois eu jusqu’alors aucune connoissance. Il faut qu’il y en ait bien d’autres que j’ignore : & dont je t’instruirai, lorsque je les découvrirai.

Ce temple de saint Jacques n’étoit autrefois qu’une simple chapelle : il a été bâti à l’occasion d’un miracle. Lorsqu’on achevoit l’église de S. Pierre, toutes les colonnes & les chapiteaux qu’on portoit pour orner ce fameux édifice, passoient devant la porte de S. Jacques. Il souffroit pendant un tems qu’on eût pour lui aussi peu d’égard ; espérant que, lorsqu’on auroit travaillé à la construction de cette église, on penseroit à le mieux loger. Comme il vit dans la suite que les Romains ne songeoient point à lui, il résolut de prendre ce qu’on ne lui donnoit pas. Il apperçut un jour deux colonnes de marbre granite, que deux charrettes portoient au temple de saint Pierre : il les trouva fort à son gré, & forma le dessein de se