Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/102

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les approprier. Il attendit qu’elles fussent auprès de le porte de sa petite cahute, & par sa toute-puissance, il ôta la force aux chevaux, les rendant incapables d’ébranler le fardeau qu’on vouloit leur faire traîner. Le charretier qui ignoroit le dessein de saint Jacques, déplie son fouet, le fait claquer, & jure de toutes ses forces. Tout cela ne les fit point marcher. On crut qu’ils étoient rébutés ; on en attela six de plus : ils ne firent pas davantage.

Enfin l’on alla jusqu’à en mettre cent à chaque charrette sans qu’elles pussent avancer d’un pas. Quelqu’un plus spirituel que les autres, pénétra le dessein de saint Jacques. Il dit qu’il falloit les conduire jusqu’à la porte de son église. Pour mieux constater le miracle, on ne laissa à chaque charrette que deux chevaux, qui s’en allerent au trot, & comme s’ils n’avoient rien traîné, remettre au saint les colonnes dont il avoit envie. Bientôt après, on jetta à bas la chapelle : on lui bâtit un temple, dans lequel on les plaça, & le peuple, en mémoire de ce miracle, lui donna le nom de Saint-Jacques secoue-chevaux [1]

  1. Il n’est aucun Romain qui n’assure le fait pour véritable : & en mémoire de ce prétendu miracle, l’église a retenu le nom de CHIESA DI SAN GIACOMO SCOSSA CAVALLI.