Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/130

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Il a trouvé, par leur secours, le moyen d’expliquer aisément tous les secrets de la nature ; & comme cette philosophie convient parfaitement aux moines, il y a apparence qu’ils feront tout leur possible, pour la mettre en vogue.

Je t’ai déja appris plusieurs choses sur les savans de ce pays : mais je n’ai pu entrer dans un détail particulier. Je suis à présent en état de te satisfaire, ayant fait connoissance avec quelques-uns.

On peut diviser les savans de Paris, comme les Grecs divisoient leurs dieux, en dieux & en demi-dieux. Les demi-savans fourmillent en France. Tout le monde veut y avoir de l’esprit : c’est le foible de la nation. On aime mieux passer pour fripon que pour bête. Tel homme ne se soucie pas d’être regardé comme une personne dont les mœurs sont scandaleuses, qui seroit au désespoir qu’on ne le crût pas en état de deviner les énigmes du Mercure, & de composer un madrigal.

Les femmes veulent aussi, décider souverainement des ouvrages d’esprit. Ce qu’il y a de particulier, c’est que souvent leurs décisions valent mieux que celles des hommes ; qui n’étant pas gâtée par des études mal dirigées,