Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/133

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car les nazaréens sont obligés d’avouer en mourant les mensonges qu’ils ont dit pendant le cours de leur vie ; & comme il est très-avancé en âge, je crois qu’il ne tardera pas à faire aux bons écrits qu’il a critiqués, une réparation authentique, qui servira à effacer la seule tache dont sa gloire ait été flétrie.

Cette coutume, que les nazaréens ont d’avouer à leurs prêtres toutes leurs actions, les rend dépositaires du secret de toutes les familles. Le souverain pontife, assis sur son trône au milieu de la ville de Rome peut savoir ce que pense, non-seulement un européen & un Africain, mais un Indien nazaréen.

S’il ne veut pas entrer dans le détail, il est toujours le maître de le faire, lorsqu’il le souhaite : pour donner une preuve perpétuelle du pouvoir qu’il a de lire dans les cœurs, il se réserve dans toute la chrétienté la connoissance de certains crimes, dont lui seul peut accorder le pardon. Battre un moine, écrire contre lui, &c. voilà des cas dont lui seul peut absoudre. Si j’étois nazaréen, la lettre que je t’écris, m’obligeroit à faire le voyage d’Italie ; mais pour avoir assassiné six hommes, volé dix familles, j’en serois quitte en l’avouant au premier moine que je trouverois, &