Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/157

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lorsqu’on les accuseroient d’être les auteurs indirects de l’assassinat de Henri IV, par leurs prédications séditieuses, par leurs libelles diffamatoires, & par leurs infâmes déclamations, tant que la ligue subsista.

Les auteurs qui écrivent ces faits, ne sauroient en ôter entiérement la connoissance ; mais ils les déguisent en partie. Ils tâchent de les adoucir selon l’intérêt qu’ils y prennent, ou selon qu’ils sont forcés de le faire par la gêne & la contrainte dans laquelle ils sont retenus.

Il y a quelque temps qu’un moine [1], qui avoit écrit plusieurs histoires dans lesquelles on lui reprochoit d’avoir falsifié un grand nombre de faits, s’avisa, pour rétablir sa réputation, de vouloir écrire, selon l’exacte vérité, les disputes de quelques souverains pontifes [2].

Dès que son livre parut, il fut proscrit à Rome. Le pontife nazaréen fut vivement touché, qu’on eût osé troubler les mânes de ses prédécesseurs. Il crut que leurs désordres étoient un mystere, qu’il n’étoit pas permis à un simple mortel de vouloir pénétrer. Par son ordre, le moine fut chassé de son couvent : il fut puni d’avoir écrit

  1. Maimbourg, jésuite.
  2. Le Schisme d’Occident.