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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/167

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Boucher contre Henri IV, ne sont pas plus contraires au respect que l’on doit à la personne du souverain, que les invectives outrageantes de Grégoire de Nazianze contre l’empereur Julien. Ce docteur nazaréen se crut en droit d’écrire contre ce prince de la maniere la plus sanglante, parce que, lorsqu’il fut parvenu à l’empire, il effaça par des sacrifices profanes, & souilla par des mysteres abominables l’eau de son baptême, l’initiation qu’il avoit reçue aux saints mysteres.[1] Cela se réduit à dire qu’il crut devoir outrager la perfidie de Julien, à cause qu’il avoit quitté le nazaréisme.

Le séditieux Boucher prenoit le même prétexte pour déclamer contre Henri IV, qu’il accusoit d’anti-papisme, ou de protestantisme. Je ne comprends pas, mon cher Isaac, pourquoi ce qui été innocent il y a quatorze cent ans, doit être regardé comme criminel aujourd’hui. Ou il faut avouer que Boucher eut raison de se déchaîner contre Henri IV, (ce qu’il est affreux de soutenir :) ou il faut convenir que Grégoire de Nizianze eut

  1. Aïmati men ouk to loutron, atorruptetas tê kath’ êmas teleïôseïn tou musous antithiteïs.*
    (* Voir note en tête de la table des matières au sujet de la translittération du texte grec de l’ouvrage original)
    -- Gregorii Nazianzeni, invectiva in Julianum, pag. 58.