Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/168

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tort de vouloir flétrir la mémoire de l’empereur Julien, prince doux, sobre, chaste, savant, libéral, intrépide, & possédant en un degré éminent toutes les vertus morales.

Beaucoup de nazaréens, mon cher Isaac, sont revenus du culte & de l’adoration, qu’on rendoit généralement autrefois à tous les anciens docteurs. Il y a eu dans ces derniers temps plusieurs savans, qui secouant le joug des préjugés, ont condamné hautement ce qu’il y avoit dans les écrits de ces peres de contraire à la droiture & à l’équité. Il est même surprenant qu’on ait tardé si long-temps à ouvrir les yeux, & à reconnoître combien la conduite des anciens docteurs, étoit ressemblante à celle des modernes, contre laquelle on a si vivement écrit.

En remontant dans les premiers siecles du nazaréisme, je trouve, mon cher Isaac, chez les ecclésiastiques les mêmes mœurs, la même façon de penser, & les mêmes maximes que chez ceux qui vivent aujourd’hui. Eusebe me dépeint dans la personne de Paul de Samosate, la fierté des prélats Italiens, François, Allemands, Anglicans, &c. Nous ne dirons rien, dit cet auteur, de l’orgueil & de l’arrogance que lui ont causé les dignités séculieres dont il étoit revêtu.