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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/169

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Il aimoit mieux qu’on lui donnât le titre de ducenaire que celui d’évêque. Il marchoit pompeusement dans les places publiques, lisant & dictant des lettres, environné de gardes, dont les uns le précédoient, & les autres marchoient à sa suite. Son faste & son arrogance avoient rendu la religion chrétienne haïssable aux gentils [1].

Pourroit-on faire, mon cher Isaac, un portrait plus exact d’un cardinal allant in fioco dans les rues de Rome ? Pour qu’on le crût extrait des livres d’un historien moderne, il ne faudroit que changer les trois derniers mots, & mettre, son faste & son arrogance avoient rendu la religion Romaine, meprisable aux Juifs, à la place de la religion chrétienne aux gentils.

Si les anciens docteurs & prélats nazaréens avoient la fierté des modernes, ils en avoient aussi l’esprit de domination.

  1. Oute ôs upsêla phroneï upertaï kosmimia ; aksiamata upoduo manduos. E, Doukhênarios mallon ê Episkopos thelan kaleïsthaï kaï soboun kala tas agoras. Kaï epis(t)olas anaginoskan kaï upagoreôn badidzôn dêmosia kaï doruphoru manduos tôn men ephepomanduo pollôn ton arithmon ôs kaï p(a)sin phthoneisthaï kaï miseisthaï dia to og(k)on autou kaï tên uperêphanian to kardias.*
    • (Voir note en tête de la table des matières au sujet de la translittération du texte grec de l’ouvrage original)