Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/180

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Tu n’as peut-être jamais réfléchi à ce que je te dis. Il me sera aisé de te montrer clairement, que les métaphysiciens modernes ont puisé leurs principales opinions dans les livres du docteur nazaréen. C’est lui que l’on doit regarder comme le premier restaurateur de la métaphysique.

Je commencerai cet examen par Mallebranche. Son systême sur les idées, par lesquelles nous voyons tout en Dieu, est exposé fort au long par Augustin. Le philosophe moderne a presque copié les expressions de l’ancien. Dieu, dit ce moderne [1], est très-étroitement uni à nos ames par sa présence, de sorte qu’on peut dire, qu’il est le lieu des esprits, de même que les espaces sont les lieux des corps : cela étant supposé, il est certain que l’esprit peut voir ce qu’il y a en Dieu qui représente les êtres créés, puisque cela est très-spirituel, très-intelligible, & très-présent à l’esprit. Ainsi l’esprit peut voir en Dieu les ouvrages de Dieu, supposé que Dieu veuille bien lui découvrir ce qu’il y a dans lui qui les représente.

Et voici comment parle l’ancien. Dieu tout-puissant, tu as créé tous les êtres & tu les vivifies. Tu es dans tous les lieux, tu les remplis tous également.

  1. Recherche de la vérité, liv. 3. chap. 6, pag. 199.