Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/181

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L’esprit peut le sentir ; mais il ne peut le connoître. Quoique tu sois présent partout, lorsque ce n’est pas pour récompenser la vertu, c’est pour punir le vice. Toutes les choses qui existent, existent dans toi. Tu donnes la vie à quelques-unes & la perception à quelques autres. [1].

Je pense, mon cher Monceca, que j’ai raison, de soutenir que le systême du philosophe François n’étoit point inconnu à l’Africain.

  1. Qui solus vivificas omnia ; qui creasti omnia ; qui ubique es, & ubique totus ; qui sentiri potes, videri non potes ; qui nusquam dees ;… qui ubi non es per gratiam, ades per vindictam ; qui omnia tangis ;… quaedam enim tangis ut sint & vivant, non tamen ut sentiant, & discernant ; quaedam vero tangis, ut vivant & sentiant, & discernant ;… & omnia contines sine ambitu, & ubique es praesens sine situ & mora. August. Hiponens. Ep. Médit. cap. 29, n. 3 & 6. Les Bénédictins de S. Maur ont prétendu que cet ouvrage n’étoit point de S. Augustin cependant les éditeurs de Louvain des œuvres de ce pere, n’ont pas pensé de même. Bien des théologiens attribuent constamment ces méditations à S. Augustin. Un Jésuite de Cologne a publié une édition particuliere de cet ouvrage, à la tête duquel il a mis une préface qui prouve qu’il est fermement persuadé que S. Augustin en est l’auteur. Quoiqu’il en soit enfin, on retrouve presque dans les mêmes termes le passage que je cite ici, dans les confessions de S. Augustin, ainsi que ceux que j’ai extraits des Soliloques. Il est donc toujours certain que je ne fais parler & penser S. Augustin, que comme il a réellement pensé et parlé.