Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/213

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La femme d’un négociant, piquée de la préférence qu’il donnoit à sa rivale, l’accusa pardevant le cadis, d’avoir voulu la violer. Elle raconta l’histoire du cadavre que le solitaire lui avoit confiée, & s’offrit, si elle mentoit, à souffrir le supplice le plus rigoureux. On fit visiter le dervis, & l’on trouva qu’il s’en falloit de beaucoup qu’il ne fût eunuque. Le juge ordonna qu’on lui fît réellement l’opération, pour le punir de son crime. Les maris qui devoient se plaindre étoient en si grand nombre, qu’ils se consolerent mutuellement ; & malgré leur jalousie, ils ne voulurent ni rien éclaircir ni rien apprendre. Je crois que tu trouveras que l’action de ce dervis égale les bons tours des moines.

La paresse, l’inutilité au bien de l’état, l’hypocrisie ; la fourbe ; tout est bien égal entre un religieux nazaréen & un dervis Mahométan.

De Constantinople, ce…

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