Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/236

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Monceca à Jacob Brito.

J’ai lu avec plaisir ta lettre, mon cher Jacob. J’ai trouvé le parallele de l’ancienne Rome & de la nouvelle très-judicieux. Tu aurois pu le pousser plus loin, & comparer la puissance spirituelle qu’elle a aujourd’hui dans l’Europe au pouvoir souverain qu’elle eut autrefois. J’ai entendu soutenir à ce sujet, par un savant de ce pays une opinion fort singuliere, & assez plaisante. Il prétend qu’on enterra dans le milieu de Rome, lors de sa fondation, un talisman, qui l’assure d’une perpétuelle puissance sur l’Europe, tant que le charme durera ; & que le talisman n’ayant point été enlevé, ni détruit lors des saccagemens & des embrasemens de cette ville, elle a toujours repris la domination sur la plus grande partie des peuples Européens. J’opposois à ces raisons la différence de la souveraineté des anciens Romains à celle de ceux d’aujourd’hui. Il me répondit que le talisman ne régloit point le genre de puissance ; qu’il assuroit seulement