Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

une autorité souveraine : & qu’on ne pouvoit nier que le pontife n’eût cette autorité réelle sur les états nazaréens, par la toute-puissance spirituelle qu’on lui accordoit ; puisque les grands rois, soumis à certains principes de religion & à certaines coutumes, étoient obligés de s’y conformer malgré eux, & ne pouvoient en être dispensés que par la permission qu’il leur en accordoit. Comme le savant qui soutenoit la réalité du prétendu talisman me paroissoit convaincu de son opinion, je crus que je devois avoir recours à des raisons plus philosophiques pour le dissuader de son erreur.

J’ai vu, mon cher Jacob, beaucoup de gens persuadés de la puissance des talismans. Plusieurs de nos rabbins semblent favoriser cette opinion, dont la saine philosophie démontre aisément la fausseté. Il me sera aisé de te prouver évidemment la vérité de mon sentiment.

C’est un principe sûr, que la seule matiere peut agir sur la matiere. Je laisse à part le mystere incompréhensible de l’action de notre ame sur notre corps, dont je crois qu’on doit rapporter le pouvoir à un perpétuel miracle de l’auteur de la nature. Or, si le principe qu’un corps ne peut être mis en mouvement que par l’impulsion