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Lettre XXII.

Aaron Monceca, à Isaac Onis, Rabbin de Constantinople

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Je t’ai fait un détail, dans ma derniere lettre, des différents états de ce pays. J’ai tâché de te donner une idée exacte des ecclésiastiques, des magistrats, des gens d’affaires & du peuple. Il me reste à te parler des seigneurs & des courtisans. J’ai cru que le chevalier de Maisin pourroit suppléer aux fautes que le peu de tems qu’il y a que je suis à Paris pourroit occasionner. Comme je ne connois la cour que superficiellement, je l’ai prié de vouloir me communiquer ce qu’il en pensoit, il m’a donné un mémoire qui m’a paru assez nouveau. Tu sçais qu’on a jusqu’ici regardé le caractere des courtisans comme impénétrable. Il soutient qu’il est aussi aisé de lire dans le cœur du plus rafiné courtisan que dans celui d’un simple bourgeois. Quoique je ne sois point entiérement de son sentiment, je t’envoie son mémoire pour en juger par toi-même.