Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/265

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de cette profonde dissimulation, qu’on prétend être le talent de la cour ? Mais cette dissimulation ne se trouve-t-elle pas à la ville ? Si le même esprit s’y rencontre, pourquoi ne sçaura-t-on pas s’y contraindre ? On le fera même plus aisément, puisqu’on sera agité par moins de passions.

« Malgré les feintes caresses, les embrassemens redoublés, les compliments recherchés que se font les courtisans, il n’en est aucun qui ne sache à quoi s’en tenir sur le compte de ceux qui croient le tromper. La dissimulation de la cour vient plutôt de l’habitude que du raisonnement, & tel homme passe pour un grand politique qui de sa vie n’a su pourquoi il méritoit cette réputation.

« Dans tous les états, les hommes étant à peu près semblables, il est bien aisé aux philosophes de percer le voile qui semble couvrir les replis du cœur d’un grand seigneur. Aussi crois-je qu’on trouvera justes les définitions que j’ai faites de leurs différens caracteres.

« Je distingue les courtisans en trois classes. Les uns sont aimables ; les autres ont le génie médiocre ; les derniers n’ont de commun avec les