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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/305

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d’Ibrahim, qui sont regardés néanmoins comme les oracles & les chefs-d’œuvres de leur siecle ?

Le bon goût, les maîtres, l’usage, la lecture des bons auteurs, influent véritablement à donner de l’esprit ; mais ils ne peuvent être une raison décisive pour déterminer la cause de cette vivacité, & du feu qu’ont les François au-dessus des autres nations.

Les Anglois ont le discernement excellent. Ils ont chez eux, dans toutes sortes de genres des auteurs distingués, & qui peut-être l’emportent sur les François ; mais ils n’atteignent point leur façon brillante de s’énoncer.

Les Allemands ont produit des ouvrages d’une érudition surprenante. Leurs livres sont faits pour les savans. Le bon & l’utile s’y trouvent. L’agréable s’y rencontre rarement.

Pour mettre mon sentiment dans un jour évident, je comparerai deux auteurs dont tu connois, mon cher Isaac, les ouvrages & le mérite : tous deux estimés mutuellement par toutes les nations qui se piquent d’aimer les sciences. Locke a écrit un livre digne de l’admiration de l’univers [1].

  1. Quoique tous les ouvrages qui sont de l’illustre Locke soient excellens, je crois que son Essai philosophique sur l’entendement humain l’emporte sur tous les autres.