Aller au contenu

Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étonnante, sont à la portée de tout le monde. Une femme peut apprendre plus de physique & de métaphysique dans ses Pensées sur les cometes, que dix régens de philosophie en ont appris dans tout le cours de leur vie.

Plus je cherche, mon cher Isaac, à pénétrer la cause de l’imagination & du feu François, moins j’apperçois quelque raison qui me paroisse décisive.

Je te prie de vouloir m’écrire quels sont là-dessus tes sentimens : je les attendrai avec impatience. Je ne doute pas que l’usage que les voyages t’ont donné ne facilite beaucoup tes idées.

Je n’ai rien de nouveau à t’apprendre. Depuis huit ou dix jours il n’est point arrivé d’aventure à Paris. Cela paroit extraordinaire. C’est ici le théatre de la folie, de l’amour & de la galanterie. Le chevalier de Maisin m’a raconté une histoire arrivée, il y a déjà quelques temps à une fille de l’opéra, qui m’a paru plaisante.

Un jeune homme, nommé le chevalier de S***, officier dans le régiment de C***, devint amoureux d’une chanteuse, nommée la Petit-pas. Il étoit aimable ; mais selon l’usage, il avoit peu d’argent comptant. L’or n’incommode pas ordinairement les jeunes-gens ; & sans ce métal on avance peu ses affaires