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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/313

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En France, le peuple est soumis à l’obéissance qu’il doit au souverain : il est sujet du roi sans être esclave du noble. Un seigneur dans ses terres n’a aucun droit sur les biens ni sur la personne de ses vassaux. Moyennant qu’ils lui payent les rentes, les dîmes, &c. qu’ils lui doivent, il n’est point en droit de les inquiéter. Ils sont sujets du roi & sous sa protection. Si l’on veut les violenter ; exiger d’eux quelque chose d’injuste, ils ont recours à la justice réglée ; & il arrive très-souvent qu’un vassal fait condamner son seigneur.

Quelque attention cependant qu’on ait dans ce pays pour éviter que le peuple ne soit point foulé par la noblesse, on lui inspire toujours le respect qu’il doit avoir pour les personnes que leur naissance a placées dans un rang distingué.

On lui apprend à conserver les attentions qui leur sont dues : si on ne veut pas qu’il soit esclave, on veut qu’il soit soumis aux bienséances, & qu’il observe une certaine subordination nécessaire à la tranquillité & au bien de l’état.

La trop grande puissance du peuple est un excès aussi vicieux que le pouvoir despotique d’un roi. Je suis persuadé, mon cher Isaac, qu’il faut pour entretenir l’harmonie d’un royaume, qu’il