Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/323

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n’ait exigé d’eux quelque chose qu’il n’eût point demandé dans un autre tems [1].

Pour surcroît d’infortunes, l’Isle de Corse qui leur appartient, s’est de nouveau révoltée contre eux. Ils ont soufferts plusieurs échecs, & ne sont pas plus avancés qu’au commencement de la guerre. Si les Génois avoient eu autant de politique pour les affaires de l’intérieur de la république, que pour celle qu’ils ont à démêler avec les couronnes étrangeres, jamais la Corse n’eût pris les armes. Ces peuples au lieu de se révolter, contens de leur état, eussent exposé leurs biens & leur vie pour le salut de la république. Mais la vexation qu’ils ont soufferte des gouverneurs qu’on leur envoyoit : la dureté & la hauteur des nobles Génois, les ont forcés à prendre un parti violent.

Cet endroit de ma lettre me conduit insensiblement à la forme du gouvernement républicain. On dispute depuis long-tems sur la préférence qu’il doit avoir sur le monarchique. Ceux qui sont partisans

  1. Le roi de Sardaigne a profité des conjonctures avantageuses que la derniere guerre lui a données pour obtenir des choses des Génois, qu’il n’eût jamais eue, sans l’alliance de la France & de l’Espagne. Je dirai ici en passant, que je ne crois pas qu’il y ait deux peuples qui se battent davantage que les Génois & les Piémontois.