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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/324

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de la liberté soutiennent qu’il est dangereux d’être uniquement soumis au caprice d’un homme, & qu’il est dur d’être dévoué aux volontés d’une seule personne qui ne peut être remise dans le bon chemin lorsqu’elle veut s’en égarer. La puissance absolue leur paroît quelque chose de contraire au droit des gens & à la nature, ils souffrent à regret que les humains n’aient d’autre part dans leur gouvernement & dans leur conduite que celle qu’on veut bien leur laisser prendre. Ceux, au contraire, qui sont pour le pouvoir monarchique, se récrient sur les inconvéniens qui naissent d’être soumis à la volonté de cent particuliers différents. C’est, selon eux ; avoir cent rois au lieu d’un ; c’est être le sujet d’un nombre infini de souverains, que de naître simple républicain. S’il faut que l’on soit soumis, autant vaut-il obéir à un prince qu’à plusieurs. Qu’importe qui je serve, s’il faut que je sois réduit à cette condition ? D’ailleurs, lorsqu’un roi est bon, il rend tout son état heureux ; il ne faut que sa seule vertu pour rendre un Royaume fortuné : mais dans un état libre, la vertu d’un sénateur est balancée par le vice de l’autre, & le désintéressement d’un homme en charge par l’avidité d’un de ses collégues. Ainsi il y a