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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/341

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au milieu de l’accablement où il étoit. Un prêtre nazaréen, persuadé que le bacha seroit sensible dans ses derniers momens, aux préjugés de l’enfance, se déguisa en Turc, & demanda à lui parler pour un cas important. Osman, pendant le cours de sa maladie, a toujours réglé par lui-même toutes ses affaires. Comme son mal n’étoit qu’une espece d’épuisement & de langueur, les douleurs aiguës ne le tourmentoient pas. Il ordonna qu’on fît entrer dans sa chambre la prétendu Turc qui disoit avec des secrets de conséquence à lui révéler.


A peine le prêtre se vit-il avec Osman, qu’il lui avoua son déguisement, le pria de vouloir se ressouvenir qu’il étoit nazaréen, & qu’il alloit être perdu pour jamais, s’il ne revenoit à la loi qu’il avoit abandonnée. Il fit ensuite un long discours que le bacha écouta avec beaucoup de tranquillité.

Lorsque le prêtre eût achevé la longue harangue qu’il avoit étudiée : Je veux, lui dit Osman, vous donner des avis aussi salutaires que ceux que vous venez de me prodiguer en abondance. Gardez-vous à l’avenir de hasarder des démarches pareilles à celle que vous faites aujourd’hui. Les Turcs entendent peu la plaisanterie sur ce qui regarde la religion. S’ils savoient que