Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/345

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j’ai cru l’appercevoir dans les lettres qu’il a écrites à la comtesse sa femme, & à son ami, dont on a fait courir des copies à Constantinople. Je t’en envoie des extraits.


Lettre DU COMTE DE BONNEVAL A SON EPOUSE.

« Souffrez, Madame, que j’emploie les derniers momens qui me restent, à vous marquer combien j’ai été sensible à la douleur & à la peine que peut vous avoir causé mon changement de religion. Je sais que parmi les grands on a considéré mon action comme une suite de la fermeté de mon caractere : mais les génies foibles, le bas peuple, enfin un nombre infini de particuliers, n’ont point assez de discernement pour dévoiler des mysteres qui lui sont éternellement cachés, & vous avez souffert d’un crime dont j’étois l’auteur. La vengeance me fit turc. Cette même passion me retient dans ce parti & m’y fait persévérer jusqu’au trépas. Quelle que soit