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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/35

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te donner de mes nouvelles. J’aurois souhaité de t’écrire de Marseille ; mais j’y ai séjourné si peu, & tant d’embarras m’ont accablé, qu’il m’a fallu différer. J’ai été heureux de savoir la langue du pays : sans cet avantage, il m’eût été impossible de terminer mes affaires.

Depuis que je suis en France, je n’ai pû profiter des avis que tu m’avois donnés avant mon départ ; ni de tes instructions fondées sur l’expérience de tes voyages dans les cours d’Allemagne, de Pologne & du Nord.

En traversant un pays, sans s’arrêter qu’autant de temps qu’il en faut pour satisfaire à la faim & au sommeil, il est impossible de s’instruire. Il faudra donc te contenter de quelques remarques vagues, qui sont le fruit des conversations que j’ai eues avec trois compagnons de voyage, & de quelques avantures qui me sont arrivées sur la route. Je réparerai, à la seconde lettre que je t’écrirai, le vuide de la premiere ; & je m’apperçois déja, depuis vingt-quatre heures que je suis ici, que je ne manquerai pas de matiere pour entretenir notre correspondance philosophique.

Le négociant de Marseille m’avoit adressé à Lyon à son correspondant : il voulut absolument que je logeasse chez