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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/364

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Paris [1], une chandelle miraculeuse surnommée le flambeau sans fin, qu’on montre dans certain jour au peuple, & qu’on prétend ne s’éteindre jamais & ne point se consumer.

Elle est enfermée dans un long tuyau, ne déborde que d’un pouce de cet étui : en sorte qu’on est toujours le maître de la tirer à la même hauteur lorsqu’elle est brûlée jusqu’à l’embouchure de l’étui ; & d’en mettre une autre à sa place lorsqu’elle est consumée. Quelque visible que soit cette mommerie, il seroit dangereux d’en parler ouvertement devant les gens qui sont persuadés de la vérité de ce miracle. On s’attireroit leur mépris, peut-être même leur haine ; tel nazaréen pardonneroit une offense sensible, qui n’entendroit point plaisanterie sur la réalité du miracle de la sainte chandelle.

L’histoire qu’on raconte de ce flambeau miraculeux, est fondée sur la prétendue délivrance d’un nazaréen, qui s’étoit donné au diable. Cet homme, nommé Christofle, las d’avoir bien de la peine, fort peu d’argent, & de travailler perpétuellement dans ce monde, prit le parti d’être moins bien dans l’autre, &

  1. Amiens.