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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/54

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qui les lorgnettes sont arrêtées actuellement ? Dans un instant d’ici, il va être décidé souverainement qu’elle a fait un amant nouveau ; que l’abbé qu’elle a eu sur son compte tout l’été, vient d’être cassé aux gages, par l’arrivée de ce jeune officier qui l’a conduite avant-hier à la comédie Italienne, hier à la Françoise, & aujourd’hui ici. Celle qui a été examinée avant elle, a essuyé un arrêt moins favorable : on a trouvé qu’elle étoit mal coëffée, qu’elle sourioit de mauvaise grace, & qu’elle n’avoit point les yeux brillans. »

Dans le moment que le chevalier de Maisin m’instruisoit de ces particularités que je n’eusse pû deviner par moi-même, j’entendis une symphonie qui me surprit. Je tournai les yeux du côté ou étoient les Musiciens. Je les apperçus au pied du théâtre, & comme enterrés dans un trou [1].

Quelque tems après, je vis paroître une femme, suivie de plusieurs autres, qui fit cinq ou six pas gravement : elle chanta ; & bientôt toutes ses suivantes mêlerent leurs voix à la sienne. Des hommes, qui parurent ensuite, augmenterent ce Concert ; & je compris que ce qu’on appelloit un opéra

  1. C’est l’Orchestre.