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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/63

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Il y a une seconde société littéraire, appellée Académie des sciences. Celle-là mérite des louanges pures & sinceres : elle s’occupe d’études profondes & suivies, quoiqu’elle ne puisse pousser que jusqu’à un certain point ses réflexions sur la métaphysique. Elle produit tous les jours mille découvertes utiles, nécessaires & curieuses, pour l’astronomie, la médecine, &c.

Si les savans, qui composent cette assemblée, n’étoient point gênés & retenus, je ne doute point, mon cher Isaac, qu’ils ne donnassent au public des chefs-d’œuvres, qui feroient bientôt tomber le bandeau de l’illusion. Mais l’ignorance a dans ce royaume un ferme soutien dans les moines. Leurs intérêts exigent que les peuples ne soient point éclairés : ils connoîtroient la fourbe & la tromperie de ces faux docteurs ; & la ruine de leurs opinions & de leur crédit suivroit bientôt après.

Que penses-tu d’une religion, dont les dépositaires demandent d’en être crus sur leur parole, & sans rendre aucun compte ? Je regarde un théologien comme un négociant qui voudroit qu’on reçût ses marchandises sans les examiner. C’est ainsi que le souverain pontife des nazaréens [1] débite toutes ses réveries.

  1. Le pape.