même convaincu d’hérésie.
Il est moins dangereux pour un nazaréen qui veut vivre tranquille, de mépriser Dieu que les moines.
Heureuse notre religion, mon cher Isaac ! Heureuse notre sainte loi ! Nos docteurs n’ont point voulu s’acquérir une vaine estime, fondée sur notre aveuglement. Ils nous ont imprimé une horreur infinie pour le crime, & l’ont haï eux-mêmes ; nos rabbins nous regardent comme leurs fils : nous les regardons comme nos peres. Ils nous conduisent par la raison, & ne veulent mériter notre estime que par leurs soins à nous instruire. Je défie les nazaréens de pouvoir reprocher de pareils excès à nos docteurs. Qu’ils les attaquent tant qu’ils voudront sur leurs prétendues visions. Tout homme équitable avouera qu’il seroit aisé de prouver, qu’il y a plus d’imposture & de ridiculité dans le seul volume de Marie Alacoque [1], que dans les ouvrages immenses de tous nos rabbins.
Lorsque ce marchand de Péra nous prêta ce livre, & qu’il nous assura qu’il avoit été fait par un évêque, savant théologien, je crus toujours que c’étoit quelqu’un de ses ennemis qui avoit voulu ternir sa réputation, en lui attribuant
- ↑ Vie mystique d’une sainte.