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Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/172

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renouvelé, le poète prit tout à coup son masque désespéré ; tout son visage s’affaissa, fondit ; il oubliait l’article du journal et il touchait avec fébrilité toutes sortes d’objets étalés sur la table et la cheminée, et dont il n’avait que faire. Il lança, après quelques minutes de silence, un « Vous êtes heureux ! » où l’on sentait un homme jaloux.

— Sortons, dit-il, voulez-vous ?

Il ouvrit la porte et fit passer son ami le premier. Mais celui-ci s’arrêta aussitôt, en faisant signe qu’il ne pouvait pas avancer.

— Attendez un instant, je vous en prie !

Le jeune homme venait d’entrevoir, dans l’ombre du corridor, Mme de Chandoyseau poursuivie par le révérend Lovely. Le bonhomme lui marchait sur les talons, et elle n’avait pas trop de ses deux mains pour lui défendre de lui prendre la taille. Le fameux mot qui l’avait fait tressauter quelque jours auparavant dans le salon de l’hôtel des Îles Borromées, retentissait ici avec toute la sourde frénésie de la passion honteuse et débordante.

— Herminie ! Herminie !

— Vous êtes fou !… entendez-vous ? disait la jeune femme ; mais vous ne voyez donc pas que ce que vous voulez est fou, archi fou !

Mais il tenait à la presser dans ses bras, il s’accrochait à elle avec une frénésie, un entêtement que rien n’eût interrompu. Comme ils arrivaient dans la partie plus éclairée de la cage de l’escalier, Dompierre vit qu’il lui faisait une espèce de morsure à la nuque.

— Oh ! fit-elle, par exemple ! quel toupet !

Ce mot le frappa, il l’avait entendu moins d’une heure auparavant.

Et elle gifla le vieillard d’un petit coup d’éventail où il y avait plus de complaisance que d’indignation :