Page:Boylesve - Le Parfum des îles Borromées, 1902.djvu/85

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suis pas si méchant que tu crois. Seulement, pourquoi me parler encore de cette petite ? Tu sais que j’ai été très ennuyé, agacé de l’affaire de la grotte. Je voudrais l’oublier.

— Oh ! vous ne cherchez que des raisons de vous rompre la tête ! Cette petite ne pense déjà plus à cela. En tout cas, elle interprète ce qui vous concerne dans un sens favorable : je crois que vous lui plaisez.

— Voyez-vous ça !… Le petit ange !

Mio ! vous êtes « stioupid » ce soir, dirait mistress Lovely. Je ne dis pas que cette enfant songe à entreprendre des scènes de débauche en votre compagnie ; seulement vous êtes du genre d’hommes qui lui est sympathique, et quoi que vous fassiez, elle vous sera indulgente. C’est très innocent et très naturel. Toutes les femmes sont ainsi faites : il y a, non pas un homme, mais un type d’hommes qui les intéresse à première vue, sans provoquer nécessairement d’autre sentiment, et pour lequel elles auront toujours une secrète complaisance.

— Et vous avez découvert cette complaisance en ma faveur chez mademoiselle Solweg ?… Je vous demande s’il est permis de s’appeler comme cela ?

— Elle s’est informée de vous, et a demandé ce que vous faisiez.

— Si ce n’est que ça !

— Attendez donc ! Elle a été fort étonnée que vous fussiez statisticien.

— Que veut-elle donc que je sois ?

— Je ne sais pas, mais elle a été étonnée, tout à fait étonnée. Et, quand une femme est étonnée à votre sujet, c’est le meilleur signe que vous êtes dans la catégorie d’hommes dont je vous ai parlé. Sa sœur lui ayant demandé ce qu’il y avait d’extraordinaire à ce que vous fussiez statisticien, elle a dit en ouvrant des