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MADEMOISELLE CLOQUE

il fallut répondre immédiatement aux politesses de Mlle Zélie.

Mlle Zélie avait pris au contact d’une clientèle choisie les manières d’une femme du monde. Elle avait la large bouche des bonnes personnes et le regard d’une maîtresse de maison accueillante qui, avant la première parole, semble vous dire : « vous voilà ; je vous attendais. » Il ne faudrait cependant pas croire que dans cette grande maison de la rue Royale, régnât la petite intimité toute provinciale, la familiarité de quartier d’un magasin Pigeonneau, par exemple. Il ne fût jamais venu à l’idée de M. Houblon d’élever la voix chez Roche. Lui-même s’y fût jugé ridicule. C’était déjà là une atmosphère de grande ville et le ton de la passion y semblait déplacé.

Mlle Cloque fut grondée. Pourquoi ne la voyait-on plus ? Mme la comtesse de Grenaille venait tous les jours.

La pauvre tante de Geneviève fit ce qu’elle put pour maîtriser un mouvement d’inquiétude et d’impatience au rappel d’une rencontre possible avec les Grenaille qu’elle évitait. Depuis des semaines, elle n’avait plus mis le pied rue Royale, et elle était d’ordinaire si peu accoutumée à redouter de trouver la comtesse, lorsqu’elle venait succomber ici à la gourmandise d’un baba, qu’elle n’y avait pas songé en entrant.

— Je ne sors plus guère, mademoiselle Zélie ; je me fais bien vieille, voyez-vous…