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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/157

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MADEMOISELLE CLOQUE

mine, et surtout cette froideur vis-à-vis des Grenaille-Montcontour, que l’on avait laissés, sans même leur serrer la main, sans un petit adieu de la tête, pendant qu’ils tournaient le dos…

À peine avait-on pénétré à l’intérieur, que Geneviève, succombant à la commotion de ses nerfs, se jeta en pleurant au cou de sa tante.

— Eh bien ! voyons, mon enfant, qu’est-ce qu’il y a ?

— Rien, rien, tante, je suis heureuse de te voir…

Et Mlle Cloque se demandait : « Est-ce qu’elle a compris ? Est-ce que je ne vais pas être obligée de lui avouer tout ?… »

On monta l’escalier ; on installa Geneviève dans la chambre toujours réservée pour elle et qui était la plus luxueuse de la maison. Le mobilier était en palissandre, un peu piqué, mais si soigneusement tenu qu’il faisait encore bonne figure. Il datait du mariage du frère de Mlle Cloque, et tout ce qui avait appartenu de plus intime à ce digne homme victime de sa probité, avait été recueilli là. Il y avait une armoire à glace, une chaise longue, et les tentures du lit et de la fenêtre étaient de reps gris uni, quelque chose de sobre et de très distingué dans ce temps-là. Une étagère montrait sur ses trois tablettes les reliques du père et de la mère de Geneviève : un porte-feuille, une bourse aux mailles d’acier, une pelote en tapisserie où étaient piquées des épin-