Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
MARCHE LENTE

intéressent l’honneur des familles ! vous n’êtes pas ému par ces déplorables mœurs ?

— En bon chrétien, dit-il, je suis plus touché par le pardon que par la faute, et il convient d’oublier la malheureuse pécheresse, en faveur du mari qui a absous…

— Peuh ! dit le marquis, le mari n’était guère en position de faire le geste de l’absolution. On sut que sa migraine n’était que feinte et qu’il avait passé la journée en compagnie d’une demoiselle de l’Alcazar.

— Mais, c’est abominable ! dit Mlle Cloque, cette famille-là est pourrie !

— L’eussiez-vous mieux aimée ensanglantée d’un meurtre ? Il n’est rien de tel que l’humilité de conscience, à savoir : l’assurance que l’on ne vaut guère soi-même, pour vous porter à accueillir avec politesse les méfaits d’autrui. N’est-ce pas votre avis, monsieur le chanoine ?

— Nous sommes tous pécheurs, dit l’abbé en s’inclinant.

— Mais ! avec ces systèmes-là, s’écria Mlle Cloque, vous encouragez tous les vices ! nous sommes pécheurs, je ne dis pas non, encore faudrait-il s’entendre là-dessus, car il y a des degrés dans le mal ; mais en tous cas, nous devons tendre à ne pas l’être…

— La perfection engendre l’orgueil qui est bien détestable en société ! Je ne dis pas cela à