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RÉUNION DE « ZÉLATRICES »

sur la plaque de tôle, au pied du poêle ronronnant. Une goutte d’eau coula au flanc de la boite de conserves, et, surprise par le contact de la fonte brûlante, jeta un long « pfuiii » désespéré.

Cette gêne fut heureusement allégée par l’entrée de la femme de journée préposée à l’entretien de la salle. Elle ouvrit la porte rougie du poêle et y agita le charbon à l’aide d’une tige de fer. Elle alluma les quatre becs de gaz, en annonçant qu’il pleuvait. Chacun tourna la tête du côté de son parapluie.

Un bruit naquit aux environs de Mme Bézu. Il s’élargit aussitôt et s’enfla, pareil à ces nouvelles que chacun sait et dont personne n’ose parler le premier. Mlle Cloque le connaissait comme les autres, car elle se hâta de dire :

— Ce n’est pas vrai ! c’est un cancan.

La veille, pendant la messe, à la chapelle provisoire — où Mlle Cloque retournait en vertu de sa sympathie pour les choses condamnées à périr — la chaisière lui avait insufflé dans l’oreille : « Faut bien vous dire ce qui est ! Eh bien, la demoiselle à ces demoiselles Jouffroy a été à la chasse avec M. le comte et tout le tremblement. Paraît que ce n’est pas croyable, mademoiselle Cloque ! Mais le pire, c’est que ces demoiselles, — que l’on dit, — l’ont laissée aller à cheval avec plus de trente messieurs et autant de militaires !… Moi, je n’y suis pour rien. »