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MADEMOISELLE CLOQUE

en ouvrant son parapluie sur la tête de Geneviève, n’avez-vous point eu quelque accident, par hasard ?

— Mais non ! mais non ! lançait Mlle Cloque, de l’intérieur de la voiture. Dépêche-toi de rentrer, Geneviève, tu vas être trempée…

— Eh ! là, mon Dieu ! dit la mère Loupaing, un malheur est si vite arrivé !… Vous voilà donc repartie toute seule, mademoiselle Cloque, faut-il que je dise au cocher où c’est que vous allez ?

— Vous êtes trop bonne ; dites-lui, s’il vous plaît, de me conduire jusqu’à Notre-Dame-la-Riche.

Ce ne fut que plus loin, au tournant de la rue, devant la caserne, que Mlle Cloque baissa la glace et dit au cocher :

— Vous me mènerez jusqu’à la Rampe de la Tranchée, à droite, vous savez bien, la grande propriété avec une maison neuve…

Le cocher, ruisselant, montra la grimace de son profil :

— Chez le juif ? dit-il.

— C’est ça.

La voiture roula, sous la pluie, dans la triste rue aux longs murs monotones. Les becs de gaz s’allumaient ; une troupe d’enfants sortait d’une école, trois ou quatre sous le même parapluie, criant, riant, courant. On passa devant la noire façade sculptée de Notre-Dame-la-Riche ; puis, par une série de petites rues où de vieilles maisons du