Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/286

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
LES DEUX BLESSÉES

deux ans à l’automne, tiens… avant de rentrer à Marmoutier… là-bas… boulevard Béranger ?

— Ah !

Mlle Cloque revoyait en effet cette visite chez la comtesse : le jardin, les grandes allées bordées de buis, les sons de la musique militaire, la jeune juive cueillant des roses.

— Eh bien ! mon enfant, dit-elle, il faudra examiner si tes économies te permettent de la remplacer, cette robe.

Geneviève, désappointée par la réponse de sa tante, regarda le pupitre sur la table :

— Mes économies, dit-elle, elles sont là, tu peux voir.

Mlle Cloque jeta les yeux sur le pupitre muni de sa clef à la serrure. Elle entendait encore les paroles du docteur Cornet descendant l’escalier : « À votre place, moi, je regarderais dans le pupitre… » Elle n’avait pas osé le faire. Et aujourd’hui, c’était Geneviève qui lui disait elle-même : « Regarde donc dans le pupitre ! »

— À quoi bon ? tu dois savoir ce que tu as de côté ?

— Non, non ! regarde ! regarde !

Mlle Cloque souleva la planchette du petit meuble.

Geneviève brossait, brossait ; et, de l’ongle, envoyait des pichenettes de ci, de là, aux endroits douteux de l’étoffe.

— Où c’est-il ? dit la tante.