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MADEMOISELLE CLOQUE

Le 11 novembre de chaque année, on venait en effet à Tours, non seulement du département, mais des diocèses voisins et circonvoisins. Les évêques avaient coutume de se joindre à leur clergé et à leurs fidèles, et la présence de nombreux princes de l’Église donnait un éclat particulier à cette solennité. Avant l’interdiction des processions, les reliques de saint Martin étaient portées dans les rues, et, du haut d’une estrade adossée au pied de la vieille tour Charlemagne, en face de la maison de blanc et du magasin Pigeonneau, tout au bout de la rue Descartes, un cardinal donnait la bénédiction. « À un moment de cet imposant spectacle, ne manquaient pas d’écrire, le lendemain, les feuilles religieuses, on se fût cru sur l’immense place de Saint-Pierre, dans la capitale même de la chrétienté, alors que le Très Saint Père prononce urbi et orbi… etc. » Depuis qu’un maire radical avait supprimé les manifestations extérieures du culte, la fête de saint Martin se célébrait plus modestement, il est vrai, dans l’intérieur de la chapelle. Mais, cette dernière année, on avait pu espérer un regain de l’ancienne affluence, la Semaine Religieuse et le Journal du Département ayant annoncé que la cérémonie de la fête de saint Martin devait être la dernière célébrée à la vénérable chapelle provisoire. C’était peu de jours après, en effet, que ce lieu devait être abandonné « à la pioche des démolisseurs » pour être « digne-