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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/310

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EXTRÉMITÉS

renaissait avec la santé. Le va-et-vient constant des touristes cosmopolites élargissait le monde à ses yeux. Elle avait dit à sa tante :

— Ah ! si on pouvait voyager toujours !…

Le souvenir du passé n’était plus assez vif pour qu’elle désirât même s’en entretenir. Une seule allusion y avait été risquée au moment de l’arrivée de plusieurs familles françaises :

— Ce serait drôle, avait dit Geneviève, qu’ils aient l’idée de venir faire leur voyage de noces par ici…

Tout allait si bien qu’on avait prolongé le séjour jusqu’aux extrêmes limites de la saison.

Ces demoiselles ne rentrèrent à Tours qu’en octobre.

Ce fut tout juste si on les reconnut.

— Ah ! bien ! s’écria Mariette en recevant Geneviève au bas du marchepied de l’omnibus, ça se voit que vous n’avez pas mangé de la vache enragée dans vos pays !

Mais, en apercevant les cheveux tout blancs et la figure de la tante, elle mâchonna cette réflexion :

— C’est celle-là qui a avalé tout le mauvais air.

Il se trouva des gens pour remarquer que, dès le lendemain de son retour, Mlle Cloque avait été chez son banquier, place d’Aumont, avant d’aller à la messe. La rue de la Bourde, excitée par le long voyage en Suisse, prétendait que c’était « un