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MADEMOISELLE CLOQUE

nous qui faisons en aller votre petite demoiselle… On en serait bien au regret.

Mlle Cloque répondit au hasard :

— Elle n’était pas habillée… Excusez-la.

— On peut dire qu’elle a profité, elle au moins, pendant son voyage d’agrément ! Je la montrais à ma bru, ce matin, par la fenêtre ; c’est-il pas vrai, Victorine ? Eh ! nom d’un petit bonhomme ! que je lui disais, ça fait-il une belle fille à cette heure : elle serait capable de donner envie à un grenadier…

— On a voulu vous dire un petit bonjour, mademoiselle Cloque, disait modestement la bru.

Le conseiller avait mis une jaquette, une chemise blanche, une petite cravate noire au nœud soigné. Il était propre. Il ôta son chapeau :

— Nous voilà. On vient vous dire qu’on n’est pas fâché de se revoir, entre amis. Dame ! vous avez fichu le camp bougrement loin, à ce qu’il paraît ! Il n’y a que les millionnaires pour aller dans ces sacrés pays-là. Mais ça ne fait rien, pas vrai ? on est encore mieux chez soi, et plus à l’économie ?

— Nous ne revenons pas de si loin, monsieur Loupaing ! dit Mlle Cloque en les priant de s’asseoir, mais le médecin m’avait prévenue qu’il y allait de la vie de la petite si je ne me décidais pas au sacrifice de ce voyage…

— Voyez ce que c’est ! tout de même, prononça