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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/375

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MADEMOISELLE CLOQUE

Jules de s’en aller. Il était très flatté de la marque de sympathie que venait de lui donner publiquement sa femme. Il eut une trouvaille d’amoureux :

— Allons ! dit-il, je vais descendre, mais tu me regarderas un peu dans la rue ; tu me feras un petit signe de la main.

— Comme c’est gentil ! dit Mlle Cloque, quand le notaire eut le dos tourné ; que je suis heureuse de vous voir ainsi tous les deux !… Sais-tu bien, dit-elle, en regardant Geneviève dans les yeux, que tu es ma seule consolation au milieu d’un monde qui s’en va tout entier à vau-l’eau ! Oui, mon enfant, partout, du haut en bas de l’échelle, je ne vois que des gens qui suivent leurs petits intérêts mesquins et qui, pour le plaisir de leur ventre — oh ! il faut appeler les choses par leur nom ! — n’hésitent pas à renier Dieu et à trafiquer de leur âme…

Geneviève était debout et faisait à Jules, par la fenêtre, les signaux convenus. Elle pensait : « S’il est encore au café, il doit voir que mon mari est en bons termes avec moi. Cela devrait suffire à le faire partir… » Mais quelque chose, au dedans d’elle, et qui s’imposait souvent à elle, en s’emparant de son intelligence et de ses membres, lui soufflait : « Mais, s’il t’aime, s’il t’aime, crois-tu qu’il va partir pour si peu ? » — « S’il m’aime ! » prononça-t-elle, presque des lèvres, en ouvrant des yeux hébétés. Et l’abominable dia-