Aller au contenu

Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/403

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
396
MADEMOISELLE CLOQUE

— Comment ça se fait-il qu’on n’en sache rien à la maison ? dit Loupaing, en regardant la figure bouleversée de la jeune femme.

— C’est que Mariette n’est pas là ! dit-elle.

Et elle laissa le propriétaire qui s’en alla.

Derrière le prêtre qui apportait les saintes huiles, les femmes Loupaing, aussitôt prévenues, accoururent. Elles montèrent, ainsi que toute une séquelle de femmes voisines attirées par la mort. Celles qui n’avaient pas eu le temps d’enlever leur tablier le tenaient replié en triangle afin de n’en présenter que la face propre. Elles s’agenouillèrent pêle-mêle dans la chambre, avec des mines chagrines et des branlements de tête. Parmi elles était la Pelet qui commandait les gémissements. La porte était restée ouverte, et toute la rue de la Bourde entrait. M. Houblon, prévenu en hâte, apparut avec ses quatre filles, au milieu des bonnets. Il enjamba et s’approcha, de lourdes perles de sueur coulant de son front dénudé. Sous les onctions sacrées, la pauvre vieille alliée de cet apôtre s’efforçait d’étouffer son émotion pour retenir la suprême humiliation du rire spasmodique dont, sans doute, elle se rendait compte. Elle taisait jusque son murmure. Le mouvement désordonné de sa lèvre brisée indiquait sa prière mentale.

Le curé, en surplis, toucha avec le coton imbibé son beau front pareil à un dôme d’église. Et M. Houblon était assuré que la lueur de pensée