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Page:Boylesve - Mademoiselle Cloque, 1899.pdf/82

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LA LIBRAIRIE PIGEONNEAU-EXELCIS

saisi, relancé ; il revint, bondit à nouveau ; chacun le voulut prononcer à son tour. On l’unit à l’épithète jaillie la veille de la colère de Mlle Cloque, et l’église future fut dès lors stigmatisée du nom de Chalet républicain.

— Mon Dieu ! Mon Dieu ! s’écria Mme Pigeonneau, mais, où irons-nous ?

— Rassurez-vous, Madame, fit M. Houblon avec fermeté, il passera encore d’ici là de l’eau sous les ponts, et le parti des honnêtes gens n’a pas dit son dernier mot !…

— Que comptez-vous donc faire ? demanda M. d’Aubrebie.

— D’abord nous organiser…

— Oh ! oh ! mais, cela sent la guerre civile ?

— Pourquoi pas ? fit M. Houblon en se redressant de toute sa taille.

On admira beaucoup sa décision et sa hardiesse. Mlle Cloque, assise sur une chaise qu’on s’était empressé de lui offrir, applaudit en criant :

— Bravo ! cher monsieur, bravo !

Ce « pourquoi pas ? » était encore un mot qui resterait.

— Cependant… allait répliquer M. d’Aubrebie.

Mais on lui ferma la bouche de dix côtés à la fois. D’abord il n’était qu’un parpaillot, il n’avait pas voix au chapitre. Pouvait-on nier qu’il y eût des guerres saintes ? On cita les Croisades. Le mot de « Dieu des armées » fut prononcé.