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MADEMOISELLE CLOQUE

dit Mme Bézu dont les yeux brillaient comme si elle avait une révélation à produire. Et il y a mieux à dire : c’est que tout devient affaires par le temps qui court… Voulez-vous que je vous dise le fond de ma pensée ? eh bien, jusqu’à preuve du contraire, je ne serais pas éloignée de croire que ce sont des hommes d’affaires qui mènent en ce moment-ci la barque de Saint-Martin…

— Oh !

— Il y a trop d’argent à remuer pour que quelque bon financier ne se soit pas trouvé là et n’ait pas imposé adroitement sa volonté.

Ces paroles firent naître un nouvel embarras chez les personnes qui voulaient éviter que l’on parlât de cette question en présence de Mlle Cloque. Quelques-unes, gênées, se retirèrent ; les autres souhaitaient que M. Houblon reprît la parole : au moins celui-ci n’était pas compromettant ; on sentait qu’il disait toujours des choses excellentes, quoiqu’on ne se souvînt jamais de ce qu’il avait dit.

M. Houblon était soufflant encore, non pas épuisé toutefois, et visiblement prêt à recommencer au moindre signe, tant sa bonne volonté était grande.

Mlle Cloque lui évita cette peine. L’âme de la malheureuse souffrait toutes les angoisses. Elle comprenait les réticences généreuses de ses amis, sans en pressentir encore complétement le sens. Elle résolut, en rassemblant son courage, d’abor-