(dulcissimus). Le latin, tel que nous le connaissons, a déjà renoncé à cette diversité, ne gardant pour chaque degré qu’un seul suffixe (ior, issimus). Première simplification.
Si du latin nous passons au français, nous voyons qu’il a encore quelques comparatifs à la mode ancienne, héritage du latin : graignior, forçor, hauçor, juvenor, gencior[1]. Il a aussi quelques superlatifs : pesme (pessimus), proisme (proximus). Mais ce mécanisme, déjà privé de son vrai sens, ne tarde pas à disparaître, non pas, comme on l’a dit, par suite de l’altération phonétique (car ces mots étaient parfaitement viables), mais par l’action de la loi de spécialité. Un seul mot assume en français la fonction de tous ces comparatifs et superlatifs. De même dans les autres langues romanes. En français, plus ; en italien, più ; en espagnol, mas ; en portugais, mais ; en roumain, mai.
Mais ce qu’il faut remarquer, c’est que ce mot privilégié qui succède à tous les comparatifs d’autrefois est lui-même un comparatif. Plus représente l’ancien latin ploius (= grec πλεῖον) ; l’espagnol mas, le portugais mais représentent magis. C’est donc le dernier survivant d’une espèce éteinte, et éteinte non sans intention, qui remplace à lui seul tous les autres. Les seules exceptions sont quelques compa-
- ↑ Comparatif de grand, fort, haut, jeune, gent.