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LOI DE SPÉCIALITÉ.

premier coup et à tête reposée, l’anglais met d’une part l’expression concrète de l’acte, et d’autre part les idées d’affirmation, de personne, de temps, de mode. Dans un dialogue comme celui-ci : Does he consent ? — He doesn’t, tout le mouvement de l’action, tout l’appareil grammatical est accumulé dans l’auxiliaire.

Mais il est rare que le principe de spécialité triomphe du premier coup. L’histoire des langues est semée de tentatives manquées et de demi-réussites.

Bien des siècles avant que l’anglais eût fait de son verbe do un verbe auxiliaire, il avait déjà une première fois été employé pour remédier à certaines difficultés de la conjugaison. On avait trouvé plus simple, pour former le parfait de certains verbes, d’emprunter le parfait du verbe do. En gothique l’emprunt est des plus visibles : sôki-da, « je cherchai », sôki-dêdum, « nous cherchâmes ».

On sait que c’est l’origine du parfait appelé « faible ». L’essai ne réussit qu’à moitié. Il avait le tort de venir dans un temps de synthèse. L’auxiliaire s’unit au verbe principal, et fit avec lui un tout indissoluble, de sorte que la conjugaison germanique, au lieu d’être simplifiée, compta une série de formes de plus.

Nous pouvons en rapprocher le sort du futur et du conditionnel dans les langues romanes. On sait que ces langues avaient trouvé dans le verbe habere