Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/12

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s’inſtruiſent les vns les autres.

Ie ne ſçaurois dire le contentement & la conſolation que nous donne ceſte petite ieuneſſe, quand nous conſiderons leurs Peres plongez encor dans leurs ſuperſtitions, quoy qu’ils recognoiſſent ſuffiſamment la verité. Il nous vient en penſée de craindre que Dieu irrité par leurs pechez ne les ayt rebutez encore pour vn temps ; car pour les enfans ſans doute il leur tend les bras, & les attire à ſoy ; l’ardeur qu’ils teſmoignent à apprendre ce qui regarde le deuoir d’vn Chreſtien nous empeſche d’en douter ; les plus petits ſe viennent ietter entre nos bras quand nous allons par les Cabanes, & ne ſe font point prier pour dire & eſtre inſtruits. Le P. Daniel a trouué l’inuention d’appaiſer vn petit enfant, quand il le trouue pleurant entre les bras de ſa mere ; qui eſt de lui faire le ſigne de la Croix ; Et de fait, vn jour que ie venois de leur faire le Catechiſme en noſtre Cabane, cet enfant nous fit rire : ſa mere le portoit entre ſes bras, & s’en alloit, mais elle ne fut pas ſi toſt ſur le ſeüil de la porte qu’il ſe prit à pleurer, de ſorte qu’elle fut contrainte de rentrer ; elle luy demande ce qu’il auoit, Que ie recommence