Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/73

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Mages iadis en l’eſtable. Mais il ſemble que Dieu ſuppleant à ce qui nous manque, & comme en recompenſe de la faueur qu’il nous a faite de le tranſporter, pour aiſi dire, au deça de tant de mers, & de luy auoir trouué place dans ces pauures Cabanes, nous vueille combler des meſmes benedictions parmy ces Peuples infideles, dont il a accouſtumé de fauoriſer quelques Catholiques perfecutez en Pays heretique. Ces bonnes gens ne voyent gueres ny d’Egliſes ny d’Autels ; mais ce peu qu’ils en voyent leur ſert au double de ce qu’il feroit en pleine liberté. Quelle conſolation à voſtre aduis de ſe proſterner par fois deuant vne Croix au milieu de ceſte Barbarie ? de porter les yeux & penetrer au milieu de nos petites fonctions domeſtiques, iuſques au departement que le Fils de Dieu a daigné prendre dans noſtre petite habitatiõ ? N’eſt-ce pas eſtre en Paradis iour & nuict, de n’eſtre ſeparé de ce Bien aymé des Nations, que de quelque eſcorce ou branche d’arbre ? Enipfe ſtat poſt parietem noſtrum. Sub vmbra illius quem deſideraueram, ſedi. Voila pour le dedans. Sortons-nous hors du logis, le Ciel nous eſt ouuert, & ces grands baſtiments, qui portent leur teſte dans les