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l’étude de l’homme est le centre de la spéculation.

Il y a, je le dis en passant, une autre raison plus visible, mais à mon avis accessoire ; c’est celle qui ressort d’une déclaration de M. Dupréel dont j’ai déjà parlé : « Seules les valeurs menacées, écrit-il, sont expressément traitées comme valeurs et non comme des forces ou des choses. » Il veut dire par là qu’une valeur incontestée finit par s’assimiler tellement à son sujet qu’elle fait corps avec lui. Or l’ensemble des valeurs qui constitue le fond de notre civilisation occidentale est certainement en danger ; et c’est pourquoi ces valeurs, par exemple le respect de la dignité humaine, nous paraissent d’autant plus précieuses. Mais c’est là, dis-je, une raison accessoire ; il ne faut pas confondre en effet la philosophie des valeurs avec une apologétique de notre civilisation ; cette apologétique qui défend notre civilisation contre les critiques de Nietzsche ou de Spengler et aussi contre des attaques infiniment plus brutales est un des thèmes préférés de l’actualité, mais en philosophie il ne s’agit ni de se défendre ni d’attaquer, mais de rechercher ce qu’est la valeur.

La philosophie des valeurs, à laquelle je reviens maintenant, va nous donner un nouveau témoignage de la manière dont s’est transformée la philosophie en général dans ces vingt dernières