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AURORA FLOYD

tions empressées, concernant la santé de Mlle Floyd. C’est pourquoi Mellish rencontrait de chaudes sympathies parmi la gent domestique de Felden. Son valet de chambre avait prévenu la valetaille du banquier que son maître était le meilleur maître d’Angleterre, et que Mellish Park était un paradis terrestre conservé pour le bonheur des serviteurs fidèles ; et les domestiques de Floyd exprimaient le désir que leur jeune dame pût se rétablir et épouser le blondin, comme ils appelaient John. Ils en vinrent à conclure qu’il y avait eu ce qu’ils nommaient une rupture entre Mlle Floyd et le Capitaine, et qu’il s’en était allé dans un accès de mauvaise humeur, ce qui était bien fait pour punir son imprudence, car leur jeune dame aurait des centaines de milliers de livres avant longtemps, et elle était plutôt faite pour un duc que pour un mendiant d’officier.

La lettre de Talbot à Floyd arriva à Felden le 27 décembre ; mais elle resta quelque temps sans être ouverte sur la table de la bibliothèque. Dans l’inquiétude que lui causait la situation d’Aurora, Archibald avait à peine fait attention à la disparition de son futur gendre. Quand il ouvrit la lettre, les paroles du Capitaine manquèrent presque de sens pour lui, quoiqu’il fût capable d’en conclure que le mariage avait été rompu, d’après le désir de sa fille, comme Talbot semblait le donner à entendre.

La réponse du banquier à cette lettre fut très-brève. En voici la teneur :

« Mon cher Monsieur,

« Votre lettre est arrivée ici il y a quelques jours ; mais elle n’a été ouverte par moi que ce matin. Je l’ai mise de côté pour y répondre plus longuement à une époque ultérieure. Quant à présent, je suis incapable de m’occuper de rien. Ma fille est gravement malade.

« Votre obéissant serviteur,
« Archibald Floyd. »

Gravement malade !

Bulstrode resta près d’une heure, la lettre du banquier