rieuse, trop complaisante pour tenter follement de contrarier les travers du siècle, qu’elle n’était pas née pour corriger.
Que dire alors de sa manière de jouer le rôle de la jeune Italienne passionnée ? Elle portait une robe de satin blanc ornée de paillettes qu’on avait cousues sur le bord d’une jupe fanée, dans la ferme persuasion, persuasion partagée par toutes les actrices de province, que les paillettes sont l’antidote de la saleté. Elle était en train de rire et de babiller dans le petit foyer, une minute avant d’entrer en scène pour pleurer son frère assassiné et son amant exilé. Mlle Percival ne prenait pas sa profession fort à cœur ; les émoluments qu’elle touchait dans le comté de Lancastre la rémunéraient à peine des tracas et des fatigues que lui causaient des répétitions commençant de fort bonne heure et des représentations finissant très-tard ; quelle compensation y eût donc trouvé l’épuisement moral auquel s’assujettit le véritable artiste qui vit de la vie du personnage qu’il représente ?
Les comédiens avec lesquels jouait Éliza échangeaient entre eux, dans les intervalles d’un dialogue, où ils se prodiguaient les menaces les plus vindicatives, des observations amicales sur leurs affaires particulières ; pendant les moments de répit que le jeu de la scène leur laissait, ils calculaient à demi-voix, mais parfois de façon à être cependant entendus, le chiffre de la recette ; et quand Hamlet appelait Horatio sous le feu de la rampe pour lui demander : « Vois-tu cela ? » il était assez probable que le confident du prince était au fond du théâtre en train de raconter à Polonius la manière honteuse dont sa maîtresse d’hôtel s’y prenait pour lui voler du thé et du sucre.
Ce ne fut donc pas le jeu de Mlle Percival qui captiva le banquier. Archibald savait qu’elle était aussi mauvaise actrice qu’aucune femme qui ait jamais joué la tragédie et la haute comédie pour vingt-cinq shillings par semaine. Il avait vu Mlle O’Neil dans ce même rôle, et il ne put s’empêcher de sourire de pitié en entendant les ouvriers applaudir la pauvre Éliza dans la scène de l’empoisonnement. Mais,