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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/115

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AURORA FLOYD

saient ces lettres m’abandonna lâchement pour épouser un riche marchand de savon. » La loi elle-même comprend et tient compte de cette merveilleuse transformation. La dette que Smith contracte en 1850 est nulle en 1857. Ce Smith peut avoir été un prodigue en 1850 et être devenu, en 1857, un homme consciencieux qui ne voudrait pas faire tort d’un liard à ses créanciers. Smith II sera-t-il tenu de payer les dettes de Smith Ier ? Je laisse cette question à Smith et aux métaphysiciens. Assurément, la même loi devrait agir dans le même sens avec les promesses de mariage. Smith Ier peut avoir adoré Mlle Brown, et Smith II la détester. Smith sera-t-il tenu, en 1857, de tenir l’engagement pris par l’autre Smith en 1850 ? La loi criminelle en France va plus loin encore. Le meurtrier dont le crime reste secret pendant dix ans peut rire au nez des agents de police qui découvrent son crime pendant le onzième. Assurément, cela doit être, parce que le meurtrier réel n’est plus passible de la justice, parce que la main qui a frappé le coup et le cerveau qui l’a conçu n’existent plus.

Pauvre Mellish, le monde du passé est amoncelé à ses pieds ; il voit de loin le lugubre avenir, et pleure ceux qui sont morts et partis.

Il se jeta de toute sa hauteur sur l’herbe épaisse, et sortant le papier rougi de son sein, il le déplia et l’étendit sous ses yeux.

C’était un certificat de mariage. Le certificat d’un mariage qui avait été célébré à l’église de Douvres, le 2 juillet 1856, entre James Conyers, de Londres, entraîneur, fils de Joseph Conyers, cocher de place, et de Susan, sa femme, et Aurora Floyd, fille d’Archibald Floyd, de Felden Woods, Kent, banquier.